lundi 31 mars 2025
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Joëlle Arches – Conservatrice du patrimoine

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Directrice du musée Goya et du musée Jean Jaurès à Castres, Joëlle Arches incarne une vision inspirée et passionnée du rôle de conservatrice du patrimoine. Avec un parcours riche et une approche résolument tournée vers l’avenir, elle s’engage à préserver, valoriser et transmettre des trésors culturels à un public toujours plus large.

Faire rayonner l’histoire et l’art

Le métier de conservatrice du patrimoine est un équilibre entre science, gestion et créativité. Conserver, étudier, restaurer et exposer sont les missions principales, mais chacune demande des compétences variées et une approche adaptée aux spécificités des œuvres.
« C’est un métier passion », explique-t-elle, soulignant le lien émotionnel qui naît inévitablement entre le patrimoine et ceux qui en ont la charge. Mais c’est aussi une grande responsabilité. Pour Joëlle, l’enjeu est de préserver un bien commun, un héritage collectif qu’il faut transmettre aux générations futures. Cette diversité des missions, mêlée à une quête constante de sens, donne à ce métier toute sa richesse.

Joëlle Arches

Une découverte inattendue

Si Joëlle évolue aujourd’hui avec aisance dans l’univers du patrimoine, ce n’était pas une évidence dès le départ. C’est au cours d’un job étudiant dans un monument historique qu’elle découvre ce milieu fascinant. « J’ai été immédiatement embarquée par la beauté des lieux et la proximité avec les œuvres », raconte-t-elle. Cette expérience a marqué un tournant : dès lors, elle s’est projetée dans ce métier, sans jamais dévier de sa trajectoire.

Après des études en histoire, histoire de l’art et muséologie, elle intègre l’Institut national du patrimoine, une formation indispensable pour devenir conservatrice. Ce parcours exigeant, complété par des concours sélectifs, lui a ouvert les portes d’une carrière passionnante.

Joëlle a ainsi multiplié les expériences : des châteaux de l’Ariège aux collections scientifiques de Toulouse, en passant par un musée de préhistoire. À chaque étape, elle a enrichi sa vision, avant de prendre la direction des musées de Castres, où elle conjugue désormais son expertise et sa créativité.

Le musée Goya : l’art espagnol à l’honneur

Parmi ses principales responsabilités, Joëlle supervise le musée Goya, un lieu unique en France entièrement dédié à l’art espagnol. Avec plus de 500 œuvres exposées, le musée offre un panorama exceptionnel, allant du Moyen Âge à l’art contemporain.

La récente rénovation du musée a été une étape clé, permettant de repenser les espaces et de valoriser des œuvres majeures de Goya, mais aussi de Picasso, Miró et d’autres artistes emblématiques. Ce réaménagement ambitieux a redonné un souffle nouveau au lieu, le positionnant comme une référence culturelle incontournable.

Joëlle Arches

Le musée Jaurès : un héritage local à dimension nationale

En parallèle, Joëlle dirige également le musée Jaurès, consacré à la figure historique de Jean Jaurès, natif de Castres. Plus intime et ancré dans l’histoire politique, ce musée met en lumière le parcours d’un homme dont l’héritage résonne bien au-delà des frontières locales.

Pour Joëlle Arches, ces deux musées, bien que différents, se complètent parfaitement. Ils illustrent la diversité culturelle et historique de Castres, tout en répondant à une même mission : rendre le patrimoine vivant et accessible.

Attirer et renouveler les publics

L’un des grands défis est de renouveler le public des musées. Si les amateurs d’art et d’histoire restent des visiteurs fidèles, le véritable enjeu est de capter l’attention des jeunes adultes, souvent éloignés des institutions culturelles traditionnelles.

Pour y parvenir, Joëlle mise sur l’innovation. Elle cherche à dépoussiérer l’image figée des musées en proposant des expositions interdisciplinaires, des projets numériques et des approches participatives. « Un musée doit être un lieu en mouvement, capable de surprendre », affirme-t-elle.

Mais au-delà des outils, elle insiste sur l’importance de créer des expériences émotionnelles. Selon elle, un musée ne doit pas seulement transmettre des connaissances, il doit aussi être un espace de plaisir et d’émerveillement.

Réhabiliter les femmes dans l’art

Un autre axe essentiel de son travail est la réhabilitation des artistes féminines qui sont largement sous-représentées dans les collections publiques. Il y a beaucoup à faire combler ce manque, en achetant des œuvres, en les intégrant progressivement aux collections et en menant des recherches pour les mettre en lumière. Ce chantier en cours, témoigne de sa volonté de rendre l’histoire de l’art plus inclusive et représentative de sa diversité

Une vision tournée vers l’avenir

Joëlle Arches voit dans son métier une mission essentielle : celle de transmettre. Pour elle, le patrimoine n’est pas figé, il évolue avec les publics et les époques. Son rôle est d’en être le passeur, en créant des ponts entre les œuvres et les visiteurs, entre le passé et le présent.

Grâce à son dynamisme et à sa vision novatrice, elle insuffle toute son énergie aux musées Goya et Jaurès, tout en les ancrant dans une modernité où plaisir et savoir coexistent harmonieusement. Une approche qui fait écho à sa conviction profonde : le patrimoine appartient à tous et doit être partagé avec passion.

Son conseil pour travailler dans ce domaine professionnel
Le conseil que je pourrais donner pour travailler dans ce secteur de la conservation du patrimoine c’est d’abord d’avoir un goût naturel pour l’autre, être curieux, et aussi être persévérant avec beaucoup de rigueur.
C’est un métier exigeant parce qu’il y a cette responsabilité et c’est un métier qui nécessite de s’intéresser à beaucoup de choses, avoir des connaissances, de pouvoir les croiser, mais c’est un métier de passion donc complètement envahissant dans le sens positif du terme. C’est-à-dire que comme tous ces métiers passion il ne s’arrête pas à 17h quand vous quittez le bureau, il continue, vous allez voir des expositions, il faut s’intéresser au monde culturel en général.
Je trouve que la place des femmes y est de plus en plus importante parce que pendant très longtemps ça a été un métier plutôt masculin, il y a eu beaucoup de directeurs d’établissement qui étaient plutôt des hommes et là on a une tendance à la féminisation de ces métiers.

Photo de couverture Joëlle Arches ©Grizette.

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